Office de tourisme : nouveaux statuts et règlement intérieur

Intervention de Philippe Carabasse (portée par Sébastien Denaja) lors du conseil municipal du 28 juillet 2020

L’action de l’office du tourisme de Sète est reconnue être de qualité par l’ensemble des acteurs sociaux professionnels du secteur. Je profite de l’occasion qui m’est donnée pour féliciter l’action au quotidien de tout le personnel attaché à cette mission Ô combien importante pour notre ville.


Nous pouvons toutefois nous interroger qu’à l’occasion de cette restructuration vous n’ayez pas une ambition beaucoup plus large pour cet office à l’échelle de notre territoire. 

Nous sommes à la croisée des chemins, on le dit depuis longtemps mais en ces temps de crise, il faut réinventer nos missions et notre place dans un écosystème touristique de plus en plus complexe et transformé.

 Nous devons « oser » sortir des sentiers battus, pour trouver des pistes de travail originales et innovantes.

Les travaux accompagnant la Loi Notre ont identifié 4 axes prioritaires pour retrouver de la performance : l’accueil au sens global que ce soit dans les grands lieux de passages ou sur les territoires, la formation, le numérique et les grands investissements

Une fois ce constat souvent partagé la priorité est de savoir comment on s’organise pour mieux appréhender ces questions, mais surtout comment on peut concilier de façon plus forte le développement de nos territoires et le fait d’accueillir des touristes.


Le législateur l’a bien explicité dans la loi Notre de 2015 en indiquant que lorsqu’il existait un échelon intercommunal il était pertinent que la compétence tourisme soit positionnée à cet échelon et que les Offices du Tourisme soient également intercommunaux.

Le législateur a souhaité ainsi renforcer le Marketing de Destination et plus exactement mettre en cohérence en termes de moyens, de plans d’action, les objectifs en matière de valorisation de la destination. La destination devient ainsi une destination à part entière, une destination globale, l’image et le territoire du bassin de Thau correspondent parfaitement à cette réalité. 


Au-delà de l’efficacité en terme de communication et d’impact de valorisation touristique, il y a nous semble-t-il sur ce schéma d’ensemble le soutien à des valeurs de solidarités, de partenariats, de mutualisations, valeurs que vous défendez en tant que président de  l’Agglopole. 


La création d’un office du tourisme intercommunal sur le périmètre de l’ensemble du bassin de Thau positionnerait la ville de Sète comme pilote de la destination bassin de Thau et mieux encore comme une tête de pont pour la valorisation touristique de notre territoire. Le bassin de Thau mérite Sète et Sète mérité son bassin de Thau. Même si l’office intercommunal de Mèze existe déjà.


La création de cet office du tourisme intercommunal du bassin de Thau au-delà de la structuration de l’offre traduirait cette solidarité de territoire que nous nous devons de mettre en œuvre pour le bien de nos populations et cela dans tous les domaines,  social, économique, urbanistique. ……..


À l’Agglopole de piloter notre politique touristique et à chaque ville de créer sur son territoire des bureaux d’accompagnement, d’accueil des touristes afin de les guider au mieux dans leur voyage dans la cité. 



Voilà pour le principe général. Au niveau des statuts nous vous proposons l’ajout de deux missions :


Une première liée au tourisme durable :

L’office du tourisme doit être acteur pour un tourisme ancré dans la transition écologique et développer une pratique responsable qui bénéficie aux habitants des territoires.

Le tourisme est partie intégrante du territoire et participe de son développement et de son acceptabilité par ses habitants. Cependant le tourisme est parfois accusé d’épuiser les ressources territoriales et de détruire plutôt que de développer le territoire sur lequel il s’implante.

La contribution du secteur du tourisme au changement climatique est estimée, au niveau mondial, à 5 % environ. Sète doit aussi penser global.

 Le tourisme se doit donc de participer à cet effort.

Nous devons donc également ouvrir une réflexion pour accompagner les professionnels du tourisme vers cette nécessaire transition. Un tourisme sobre en carbone est possible, mais il passe aussi par l’évolution des mentalités et des savoirs autour de l’information, la formation, et la mise en œuvre d’une certification, il ne s’agit pas de créer un label de plus, mais plutôt une certification à l’engagement dans une démarche de formation et d’application pour valoriser les efforts énergétiques.

Le but de cette mission et des personnes chargées d’y travailler serait que le tourisme devienne un acteur engagé de la transition énergétique par un ensemble d’actions concrètes compatibles avec l’acceptabilité paysagère et sociale du territoire.

Une deuxième mission liée au Tourisme Responsable

Avec un emploi sur 10 dans le monde, la première source de recettes pour près de 50 pays, le tourisme court le risque de rester avant tout une affaire de gros sous.

Depuis quelques années, le tourisme de masse inquiète. Les médias à grande diffusion nous annoncent régulièrement l’existence de différentes oppositions aux excès du tourisme

Les médias nous ont fait part également des problèmes causés par les plateformes numériques de locations de logements pour touristes comme Airbnb et les conséquences désastreuses qu’elles imposent dans les quartiers ; les habitants désertent leurs appartements qui seront proposés aux touristes avec pour conséquence une hausse des loyers et la disparition de certains commerces de proximité et d’écoles au profit de boutiques à touristes et de bars musicaux.

Constatez également, des lieux qui appartenaient aux habitants, et où les enfants pouvaient jouer au foot après l’école sont grignotés continuellement par de nouvelles terrasses de café et des restaurants. Cet envahissement des centres-villes historiques par le tourisme participe à leur gentrification.

Il peut y aller également de la santé de nos populations. Les croisières attirent toujours plus de monde et les navires géants pouvant transporter de plus en plus de passagers, plus de 6000 passagers pour les plus grands. Malgré toutes les critiques et les mises en garde qui peuvent être faites contre ces mastodontes et ce type de tourisme, l’intérêt ne faiblit pas. À Marseille, à Sète, Nice mais aussi Bordeaux, le mécontentement des riverains gronde notamment contre la pollution engendrée par ces géants de la croisière qui durant leur escale continuent à faire tourner leurs moteurs pour les besoins de leurs équipements  « un bateau à quai produit des rejets dans l’atmosphère équivalents à 10.000 à 30.000 véhicules».

Il ne s’agit pas de s’attaquer seulement aux excès du tourisme de masse. Il ne s’agit pas non plus, de s’affronter aux touristes ou aux travailleurs du tourisme, il est plutôt question de s’en prendre à un tourisme irrespectueux des populations et de l’environnement. Les plateformes collaboratives ouvrent des possibilités inquiétantes puisqu’elles peuvent précipiter le Tourisme dans une marchandisation générale de tout ce qui n’avait pas encore de prix.

Nous  vous proposons par exemple  de renforcer le volet Tourisme du Programme « Action Cœur de Ville », et d’engager à court terme un accompagnement sur des mesures concrètes de « mise en tourisme » de ces nouvelle destinations : définition de stratégies, et de plans d’action, rénovations de bâtiments et de façades, espaces piétons, signalétique ad hoc, mobiliers urbains, fleurissement et espaces verts, suppression de « points noirs », création de circuits de visite et de promenade, évènementiels, applications numériques, soutien à des projets structurants, …

Il est crucial à travers cette mission confiée à l’Office du Tourisme de Redonner tous ensemble, du sens et des valeurs au tourisme et au voyage

Tournons volontairement le dos à un positionnement qui chercherait sa raison d’être dans une illusoire et stérile logique géo-touristique, notre idée du Tourisme est un positionnement d’idées, de sens et de valeurs. Sète porte une vision, des combats et des promesses voulus par tout un territoire. 

Notre vision, c’est celle d’un tourisme bienveillant. Un tourisme qui préserve les milieux et les cultures, rapproche les personnes, aiguise les sens, développe la curiosité et le respect.

Nos combats, ce sont ceux d’une destination militante et ambitieuse. 

. Une destination dont les habitants sont les premiers acteurs. Une destination décidée à inventer collectivement un nouveau tourisme dans un monde qui le réclame. 

Nos souhaits sont simples et vrais. Devenir la destination qui incarne le mieux l’hospitalité, l’échange et le partage. Être la destination de la convivialité, de la simplicité et de la sincérité.

Réinventons dans le fracas du monde, les valeurs du lien social !

Percutons par notre réflexion collective nos modèles de pensées, nos zones de confort, nos certitudes et dégageons les grandes pistes d’un Tourisme d’Avenir, Apaisé, Protecteur et de Bien pour nos Populations.