Plus de noms de femmes pour les rues

Conseil Municipal, séance du 22 mars 2021- délibérations 17 et 18 – nomination d’une nouvelle place et d’une nouvelle rue

Intervention de Madeleine Estryn

La première délibération a pour objet de nommer la place du nouveau Rond-point de l’entrée de ville. La seconde délibération est de nommer la rue d’adressage du conservatoire à rayonnement intercommunal (CRI) de Sète. Plus une 3ème rue qui sera également attribuée à un homme…Un minimum d’une dénomination sur doit être dédiée à une femme. Sans négliger les qualités humaines et morales de Monsieur Antoine de Rinaldo cadre bancaire, né dans une famille de pêcheur et disparu le 8 octobre 2018, ni celles de Monsieur Louis Izoird, auteur, compositeur, interprète décédé le 28 octobre 1974, nous pensons qu’il est nécessaire de profiter de cette opportunité pour corriger un peu le très faible nombre de noms de femmes dans les rues de notre ville. C’est d’ailleurs ce qu’a fait la municipalité de Frontignan en 2020 afin de « remédier à cette invisibilité des femmes dans l’espace public ». Un exemple de possibilité à ancrage local : Simone Iff a vécu jusqu’à ses 18 ans à Sète. Elle est résistante pendant la guerre. Elle est secrétaire générale de l’association parisienne du Mouvement français pour le planning familial. Elle cofonde et devient vice-présidente du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC), et soutient au sein du planning familial la revendication de l’avortement libre et gratuit. Conseillère technique au sein du cabinet d’Yvette Roudy, ministre aux Droits des femmes, elle y obtient le remboursement de l’avortement, voté en 1982. Dans le même sens, une liste de 318 héros issus de la diversité vient d’être rendue publique afin d’aider notamment les maires à renouveler les noms des rues ou des bâtiments publics et qu’une plus juste représentation de l’histoire française soit visible dans l’espace public. Dans cette liste, on trouve par exemple la militante féministe et avocate Gisèle Halimi. Nous proposons de surseoir à ces nominations et qu’une large réflexion soit menée pour des choix donnant plus de visibilité à des femmes et à des personnes issues de la diversité. En 2016, à Nantes, la ville constatant qu’elle avait, dans ses rues, 1.000 noms d’hommes et seulement 100 noms de femmes, a lancé un atelier citoyen en partant du principe qu’il est important, pour l’égalité réelle, de donner aux enfants la possibilité de s’identifier, grâce à une plaque, à une grande figure féminine française ou étrangère. La mairie a ainsi reçu plus de 500 noms de grandes figures féminines, et en a finalement retenu 380 et puise depuis régulièrement dans ce vivier. En 2018, En Ile-de-France, 30 000 votants ont baptisé deux futures stations de métro de la ligne 4 du nom de deux grandes figures féminines : la résistante Lucie Aubrac (à Bagneux) et la chanteuse Barbara (à Montrouge).  A Sète, en 2019, les élèves de l’école Langevin ont réalisé un atelier des lois, dans le cadre du parlement des enfants, sur ce thème. Ils n’ont trouvé que 2,5% de noms de femmes dans notre ville et ont rédigé une proposition de loi pour améliorer cette situation. Parmi leurs motifs « Pour lutter contre l’inégalité entre les hommes et les femmes, nous devons rendre hommage aux femmes célèbres qui sont aussi des modèles pour les générations futures. » Les questions d’égalité et de justice concernent tout le monde. Les noms de rue structurent nos imaginaires et nos possibles…il serait bon d’en finir avec les HOMMages et de reconnaître ce qui dans le passé peut aider à construire une société favorisant l’engagement.

Qu’attendons-nous ?