Intervention de Laurent Hercé lors du conseil municipal du 14 septembre 2020
Vous nous demandez aujourd’hui de prendre acte de la suppression d’un poste à l’école Buisson. Nous avons déjà, par défaut, pris acte de la fermeture de l’école maternelle Colbert : elle n’a pas rouvert ses portes en cette rentrée.
Ces décisions sont malheureusement motivées par la baisse réelle du nombre d’élèves. Ne devrions-nous pas prendre acte une bonne fois pour toute de la nécessité d’agir sur la politique générale de la ville ? Avec un objectif : rendre à Sète son attrait auprès des familles, des enfants et des plus jeunes.
Selon l’INSEE, au début des années 2000 lors de votre arrivé à la tête de la ville, l’âge médian de la population s’établissait à 45 ans. 22.000 habitants plus jeunes, 22.000 plus âgés. Mais entre 2007 et 2017 (2 recensements), tout bascule. La part des – de 45 ans chute à 18.000. Les plus de 45 ans explosent eux à 25.000 ! Nous voici désormais, si les chiffres n’ont pas augmenté dans l’intervalle, avec un déséquilibre de 7.000 habitants entre les – de 45 ans, et les plus âgés !
A Sète, il y a plus d’habitants au-delà de 75 ans qu’il n’y a d’enfants de moins de 15 ans !
Pourquoi faire mine de s’en étonner ou de s’en offusquer ? Vous avez choisi de bâtir notre économie sur le tourisme. Donc vous favorisez les constructions d’habitations destinées aux plus aisés, qui les choisissent pour leur retraite, ou en tant que résidence secondaire. Peu de logements sont spécifiquement destinés, et abordables, aux familles. Ici, les plus jeunes sont les plus pauvres. 33% des – 40 ans sont sous le seuil de pauvreté, chiffre qui décline ensuite pour atteindre 12% chez les plus de 75 ans.
Dans un contexte de chômage élevé, les principaux emplois proposés par pôle emploi sont des postes de serveurs, plongeurs, employés de commerce. Souvent saisonniers pour tenir compte de l’économie touristique. A quel moment ce projet de ville offre-t-il une perspective d’avenir pour une famille ou pour un jeune désargenté ?
Vous avez fait des choix qui comportent des dommages collatéraux : l’expatriation des familles et des jeunes vers des contrées plus faciles, et donc, la disparition progressive des enfants scolarisés.
Je ne veux même pas vous reprocher ce choix : c’est un choix classique de l’économie libérale. Miser à court terme sur la rentabilité : l’arrivée massive de consommateurs aisés. Investir moins sur le long terme pour les enfants et les familles qui sont des postes très coûteux (crèches, écoles, cantines, équipements sportifs, éducateurs, etc…). Nous aurions évidemment, nous gens de gauche, fait le pari inverse, par convictions. Mais ces suppressions de postes et d’écoles signent, paradoxalement, la réussite de votre projet de ville. Sète est devenue une ville qui attire comme un aimant les gens les plus aisés et les plus âgés, et qui repousse désormais les plus jeunes et les familles.
Derrière cette suppression de poste, donc, c’est tout l’équilibre futur de la ville qui doit nous interroger. Ne faut-il pas profiter d’un projet tel que celui de l’entrée Est, pour le modifier, et rétablir un équilibre durable, beaucoup plus favorable aux familles, aux plus jeunes et à l’avenir de notre ville ?