Le CHSCT (Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail)… toujours aux abonnés absents…

Intervention de Madeleine Estryn au Conseil d’Administration du CCAS du 12 avril 2021

La validation des décisions prises par la vice- présidente a montré que la crèche du quartier haut doit être revue, après une phase d’analyse globale.

Cette étape préalable laisse le temps de la concertation.

Je demande donc une analyse des conditions de travail préalable aux changements.

Il ne suffit pas que les cadres s’en occupent. La prévention des risques professionnels repose sur 9 principes généraux inscrits dans le Code du travail (article L. 4121-2). Le principe 3 consiste notamment à  « Combattre les risques à la source, Intégrer la prévention le plus en amont possible, notamment dès la conception des lieux de travail, des équipements ou des modes opératoires ».

L’analyse fine des conditions de travail est nécessaire avec l’aide des ergonomes de la DRH. Le dialogue social permet d’élaborer des propositions réalistes qui, lorsqu’elles sont incluses dans les cahiers des charges des constructions ou des réaménagements ou dans les appels d’offre, ne changent que de façon minime les aspects financiers, mais ont une efficacité majeure sur la réduction des risques professionnels, l’amélioration de la qualité du travail et la satisfaction professionnelle.

Le CHSCT est obligatoirement consulté dans les domaines suivants :

sur les projets d’aménagement importants modifiant les conditions de santé et de sécurité ou les conditions de travail et, notamment, avant toute transformation importante des postes de travail découlant de la modification de l’outillage, d’un changement de produit ou de l’organisation du travail (Décret n° 85-603 du 10 juin 1985, art. 45)

sur les projets importants d’introduction de nouvelles technologies et lors de l’introduction de ces nouvelle technologies, lorsqu’elles sont susceptibles d’avoir des conséquences sur la santé et la sécurité des agents (Décret n° 85-603 du 10 juin 1985, art. 45) ;

En tant que membre du Conseil municipal élue au CHSCT, je me dois de signaler que je n’ai pas été conviée à une réunion depuis ma première installation à ce poste. Aucun des réaménagements de locaux, appels d’offre pour le renouvellement de mobiliers ou de matériel qui ont fait l’objet d’une délibération ou d’une décision au CCAS ou au conseil municipal n’a été évoqué dans un CHSCT ou j’aurais été conviée. Je ne demande pas, encore une fois que les conditions de travail elles-mêmes soient débattues au CCAS ou au CM, mais que le principe de l’analyse préalable et de la discussion au CHSCT, avant de programmer toute transformation, soit mis en œuvre comme la législation le prévoit.

Ma répétition à chaque occasion de cette demande n’est  liée qu’à l’absence d’avancée dans la mise en œuvre de ces principes de la législation de notre pays.

En effet la réduction des risques physiques et psychologiques est la réponse indispensable à la réduction des arrêts maladie et accidents du travail. Les transformations des situations de travail que nous décidons sont des opportunités de mise en œuvre d’améliorations efficaces et à moindre cout.

Budget de l’office de tourisme de Sète et conditions de travail

Intervention de Madeleine Estryn lors du conseil municipal du 14 septembre 2020

Mon intervention porte sur la partie investissements. On constate 16278 € pour des dépenses d’installation et d’aménagement et 17462 E pour des dépenses de matériel bureautique et informatique.

Je souhaite savoir si la consultation du CHSCT a bien été organisée préalablement aux choix d’aménagement et de matériel ? Le CHSCT doit alors avoir le temps nécessaire pour étudier la situation avec les agents concernés.

En effet, les agents de la fonction publique territoriale, sont plutôt plus exposés que les salariés du secteur privé selon l’enquête de la DARES (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques). La DARES a diffusé, en septembre 2019, une nouvelle étude comparant les principales expositions aux risques professionnels dans les trois versants de la fonction publique et le secteur privé, à partir de l’enquête Sumer réalisée par des médecins du travail.

La fonction publique territoriale est caractérisée par des facteurs de pénibilité spécifiques qui se retrouvent aussi à Sète.

Selon l’enquête de la DARES, les contraintes posturales et articulaires sont les plus importantes avec une exposition de 80,6 % pour la FPT contre 71,6 % pour le privé.

Le travail avec des bruits gênants (pour le raisonnement, la concentration, entrainant l’irritabilité) concerne 20,6% des salariés de la FPT contre 14,3% de l’ensemble des salariés.

La pression liée au contact direct avec le public est très prégnante : 84,5 % pour la territoriale et 71,5 % pour le privé.

Autres contraintes marquantes :

– l’abandon fréquent d’une tâche pour une autre non prévue : 55 % FPT et 57 % pour le privé ;

– le devoir de toujours ou souvent se dépêcher est une réalité pour 38,8 % des agents·es de la fonction publique territoriale et 35 % des salarié·es du privé.

La crainte des erreurs et de la baisse de la qualité du travail perturbe alors les agents. Le stress peut s’installer avec troubles du sommeil et de l‘humeur.

Risques psychosociaux.
Selon l’enquête de la DARES, trois types de risques potentiellement dangereux pour la santé des salarié·es ont été analysés :

le manque de reconnaissance touche tous les secteurs (47,6 %) et 50,6% pour l’ensemble des salariés ;

les situations où la demande psychologique est forte et la latitude décisionnelle faible touchent un quart des agents de la fonction publique territoriale (23,4 %) et des salariés du privé (26,9 %);

les comportements hostiles (situations dégradantes, déni de reconnaissance, comportements méprisants) concernent légèrement plus les fonctionnaires de la fonction publique territoriale (entre 17,6 %) que le secteur privé (15,5 %) moyenne à 16% pour l’ensemble des salariés.

L’évaluation des risques incombe à l’employeur. Mais, elle relève aussi de la compétence du CHSCT. Cette analyse vise à identifier les types de risques encourus : risques pour la santé, la sécurité, risques d’accident du travail ou de maladie professionnelle.

Parmi les 9 Principes généraux de prévention, je cite les 4 premiers :

1°         Éviter les risques

2°         Évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités

3°         Combattre les risques à la source

4°         Adapter le travail à l’homme

Or tout réaménagement est une opportunité de mettre en œuvre les améliorations à faible cout en profitant de ces réaménagements prévus.

Cette délibération me donne pour la première fois l’occasion de rappeler ce retard de la fonction publique territoriale sur ces aspects des conditions de travail. Je saisirai toute occasion de faire avancer cette thématique de prévention dans notre ville.